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Éditer, restaurer, archiver.
Du papier, de l’encre, de la pellicule et des boîtes.
Prendre soin des récits multiples du cinéma





Du 7 au 9 novembre 2023
cinéma Spoutnik, Genève 

Les gestes de l’édition, de la recherche, de la restauration, de l’archivage, particulièrement lorsqu’ils sont menés en militance et en collectif, nous permettent d’aller dans les écarts, les creux et les absences, pour prendre soin des récits multiples et abîmés du cinéma.
Un livre sur les cinémas algériens et tunisiens post-indépendance qui a failli finir au pilon, un ciné-manifeste féministe en 16mm longtemps égaré, un ciné-cri anti-colonial rejeté et méprisé, une oeuvre de lutte, invisibilisée et oubliée, bien que populaire, ou encore un film dont la France refusera la langue (le créole) jusque dans son titre.
Des œuvres qui auraient tout aussi bien disparaître.
En Algérie, à La Réunion, dans le Paris colonial ou celui « des immigrés » de la Goutte d’Or. 
Et pourtant, ce papier, cette encre, ces boîtes, ces bobines et ces pellicules survivantes, portent dans leur matière même la puissance d’un désir de cinéma, d’une volonté de lutter, et de s’opposer aux récits coloniaux et dominants. Par la fabrication d’un nouvel imaginaire et d’un langage propre, qui raconte les sociétés dans leurs complexités.
Prendre soin de cette matière - l’éditer, la restaurer, l’archiver, la porter -, c’est aussi prendre le temps d’écouter ses récits, ses blessures et son intimité, de l’accueillir et la préserver, en lui inventant de nouveaux espaces de rencontres et de vie.
Comme celui de la séance de cinéma. (Léa Morin) 



Mardi 7 novembre  

Wassyla Tamzali, Qui sommes-nous sans une narration ?



À Alger, dans les années 1970, Wassyla Tamzali et sa bande d’amis fréquentent quotidiennement la Cinémathèque algérienne, espace unique de débats et de cinéphilie au cœur d’Alger. Ils vibrent au rythme des cycles de films, des rencontres avec les cinéastes invités avec un engagement collectif pour un cinéma nouveau.

« C’est toujours avec inquiétude, passion (donc amour) que nous nous asseyons dans les salles obscures et attendons des réponses aux questions qu’à tous les instants nous nous posons dans la vie, dans nos rapports aux autres, dans la rue et dans les maisons, nos rapports aux institutions et à nous-mêmes. »

Dans son essai SAUVEGARDE (2023), nouvelle préface pour la ré-édition de son livre sur les cinémas algériens et tunisiens EN ATTENDANT OMAR GATLATO (1979), Wassyla Tamzali interroge la jeune femme qu'elle était dans les années 1970 à Alger, ses rêves de révolution, ses amitiés cinématographiques, ses projets inachevés. Elle y parle aussi du cinéma contemporain algérien, de Assia Djebar (« elle a la voix de Delphine Seyrig »), de Jocelyne Saab (« ce petit bout de femme » qui les a tant impressionné), de leurs voyages pour porter la bonne parole de la révolution algérienne et surtout de la Cinémathèque d'Alger ("la scène où nous écrivions le scénario de nos vies, les mettions en scène et les jouions."), laboratoire de la culture post-indépendance.

Présentation du livre En attendant Omar Gatlato, Sauvegarde (éditions Motifs, Archives Bouanani et Talitha, 2023) à la Librairie La Dispersion.



Suivie de la projection de La Zerda de Assia Djebar (1982, Algérie, 60 min)
Présentée par Wassyla Tamzali

A partir de séquences d’archives coloniales, l’écrivaine Assia Djebar compose un essai où la bande-son révèle ce que les images ne disent pas.
« Montage des premières images de l’Algérie conquise à partir d’archives, (le film) montre ce processus de dépossession après l’inouïe violence de la conquête, que certains avec raison appellent le projet génocidaire de la France en Algérie. Le peu qui reste des cultures traditionnelles, cérémonies, danses, chants de fête ou de mort, se sont figés dans un folklore de parades (…) Le film montre les ravages du regard de l’autre quand il est celui du colonisateur.
La colonisation a plongé le peuple algérien dans un silence sidéral que les bruits et la fureur répétés inlassablement de son histoire ne peuvent combler. Il était urgent d’ inventer nos images. Le cinéma, comme la littérature et la culture en général, avait un rôle majeur dans ce processus de réparation.» W.T.


Mercredi 8 novembre




Ya franca, Ya franca
Rabia Teguia, France, 1980, 11 min

A la fin des années 1970, en parallèle de son travail, Rabia Teguia étudie au département cinéma de l’Université libre de Vincennes, Paris 8. Elle y entreprend la réalisation de son unique film Ya Franca, Ya Franca, conçu comme une revendication personnelle et féministe, un manifeste sur pellicule.

« Un court-métrage, pour lequel il m’a fallu une année de travail acharné, à être la réalisatrice, la cuisinière, la porteuse de valise de matos, la « maman » de l’équipe technique. (…) La suite fut longue et difficile. A la rentrée, j’allais constater que les bulldozers n’avaient laissé aucune trace de cet « espace de liberté » de tous les exclus du savoir (qu’était l’Université de Vincennes) ». Le cinéma s’arrête ici pour elle, et les bobines de son film Ya França, Ya França ne sortiront plus de leurs boîtes, avant leur récente numérisation en 2022 par le Polygone Etoilé (Marseille).




Koman I Lé la Source (Source city)
Madeleine Beauséjour, 26 min, 1987, La Réunion, production des Ateliers Sirventès

Trente-six heures dans la vie d’une jeune mère dans le quartier populaire de La Source à Saint-Denis où le chômage et l’entraide règnent. 

Féministe, militante créole, artiste et monteuse, Madeleine Beausejour est à l’origine de la création en France du groupe politique Révolution Afrique (1969) engagé dans la formation des avants gardes révolutionnaires des pays d’Afrique. Elle  avait monté une école de formations pour les activistes des foyers d’immigrés de Seine St Denis et a filmé les luttes des foyers pendant des années, mais ne put jamais finir son film. Les kms de pellicules ont disparu. Elle souhaitait également participer à un cinéma révolutionnaire africain. Elle travaille par la suite comme monteuse avec de nombreux cinéastes et ne réalise qu’un film Koman I Lé la source , quelques années avant son décès au début des années 1990. Ce film, conservé à la Cinémathèque de Toulouse, vient d’être numérisé.



Jeudi 9 novembre 



Nar (Le Feu) 2023, 3 min , un clip d’une chanson du groupe Carte de Séjour (toujours d’actualité) en hommage à Rachid Taha & Mohammed Amini, réalisé par Mogniss H. Abdallah et Samir Abdallah, agence IM’média

+ d’informations ici 
Voir le film ici 


Les Ambassadeurs
Naceur Ktari, France-Tunisie, 1976, 102 min

Poussé par la révolte, suite au meurtre raciste de Djelali Ben Ali (15 ans) en 1971 , le cinéaste tunisien Naceur Ktari (alors étudiant à Paris) va mener une longue enquête dans le quartier parisien de la Goutte d’or, auprès des travailleurs immigrés. De cette recherche documentée va naître le scénario de Les Ambassadeurs, qui suit les scènes du quotidien et les destins enchevêtrés de plusieurs habitant.e.s du quartier qui font face au racisme quotidien. Que ce soit à l’école, dans la rue, au chantier, au bistrot, dans les commerces ou dans les immeubles, les paroles, gestes et regards de l’indifférence font face à ceux de la solidarité et de la colère qui s’installe. Ktari voulait réaliser un film populaire d’incitation à la lutte. Ignoré par les jurys de Cannes sûrement « incommodés par la banalité meurtrière du petit racisme français » selon le critique Ignacio Ramonet, le film remporte le Tanit d'Or aux Journées Cinématographiques de Carthage (JCC 1976) et une mention spéciale à Locarno (1976) .

Projection d’une copie numérique et évocation du projet en cours de recherche et restauration du film, mené par le cinéaste et ses partenaires, avec Talitha et la collaboration de Elías Querejeta Zine Eskola.


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Un programme conçu par Léa Morin / Talitha (www.talitha3.com) pour le cinéma Spoutnik 


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Cinéma Spoutnik  







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