LE CINÉMA, UNE ARME : ciné-luttes, ciné-mouvements et ciné-géographies
Du 19 au 25 janvier 2023
Institut français du Cambodge, Phnom Penh
Les Rêves n’ont pas de titre
Venise à Phnom Penh
Pour son installation cinématographique Les Rêves n’ont pas de titre, présenté au Pavillon français de la Biennale de Venise en 2022, l’artiste franco-algérienne Zineb Sedira a recourt au récit autobiographique, à la fiction et au documentaire pour explorer les récits historiques négligés et penser les imbrications du cinéma et du politique. Elle évoque, notamment à travers le rôle central de la production cinématographique algérienne, les solidarités intellectuelles et artistiques internationales passées et présentes. Pour la première fois après Venise, son film Les Rêves n’ont pas de titre sera montré au public pour une séance spéciale à l’Institut français du Cambodge.En écho, le programme de films « Le Cinéma, une arme : ciné-luttes, ciné-mouvements et ciné-géographies » propose une pluralité de voix et de dispositifs de réflexion cinématographique sur le potentiel politique actuel des luttes décoloniales et anti-racistes du passé. « Le Cinéma, une arme » emprunte son titre au programme de films et de rencontres organisé par la Cinémathèque Algérienne en parallèle de la 4ème Conférence des Pays Non-Alignés en septembre 1973 à Alger.
Jeudi 19 janvier
à 18h30 – en plein air
« Les Rêves n’ont pas de titre » de Zineb Sedira (2022) // 24 minutes – Version anglaise
Dans une grande traversée des imaginaires, amarrée à trois centres de cinéma d’avant-gardes (Italie,
France, Algérie), Zineb Sedira et ses proches arpentent une accumulation de remakes, entre biopic
choral et hommage au cinéma des résistances. L’artiste narre et incarne, mais aussi fait rejouer dans
le réel et à l’écran un télescopage entre fiction, récit intime, grande histoire du cinéma et des peuples
solidaires. Les rêves n’ont pas de titre forme un appel joyeux à réengager d’autres utopies, sous la tutelle
d’un gai savoir, pour peut-être (re)penser des solidarités transnationales et un réenchantement du
regard au présent.
Séance suivie d’une discussion avec Zineb Sedira (annulée), Jean-Michel Filippi et Xavier de Lauzanne
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Samedi 21 janvier
Ciné-Luttes à 14h00
« Le Glas » de Ferid Dendeni (1968) // 5 minutes – Version française sous-titrée anglais
Le Glas de Ferid Dendeni (pseudonyme de René Vautier) est une dénonciation de la mise à mort de trois révolutionnaires à Salisbury en Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe). Ce film réquisitoire contre la violence coloniale est conçu comme un ciné poème écrit par Vautier, lu par Djibril Diop Membety avec des tableaux du peintre sud-africain Gerard Sekoto, et une bande sonore empruntée aux membres des Black Panthers en exil à Alger. Le chef opérateur algérien Ali Marok a également collaboré au film.
« Moonscape » de Mona Benyamin (2020) // 17 minutes – Version arabe sous-titrée anglais
A travers des mises en scènes surréalistes inspirées de l’industrie musicale arabe, d’images d’archives de la NASA, d’extraits de films et d’images trouvées, ainsi que de captures d’écran d’une correspondance électronique entre l’Ambassade lunaire et la réalisatrice, le film se présente sous la forme d’un clip vidéo pour une chanson interprétée en arabe par un duo. Cette chanson évoque l’histoire de Dennis M.Hope qui a revendiqué la propriété de la lune 1980 et fondé l’Ambassade lunaire, et celle de la réalisatrice, une jeune palestinienne vivant sous l’occupation israélienne et décidée à mettre fin à la misère de son peuple de toutes les manières possibles.
« Spell Reel » de Filipa César (2017) // 96 minutes – Version portugaise sous-titrée français
En 2011, une archive filmique et du matériel audio ré-émergent à Bissau. Au seuil d’une destruction complète, ces bandes témoignent de la naissance du cinéma guinéen en tant que part essentielle de la vision de la décolonisation d’Amílcar Cabral, leader de la libération assassiné en 1973. En collaboration avec les cinéastes guinéen Sana na N’hada et Flora Gomes, ainsi qu’avec beaucoup d’autres alliés, Filipa César imagine un périple où cette fragile matière du passé opère comme le prisme visionnaire d’un éclat d’obus à travers lequel nous regardons. Numérisée à Berlin et projetée dans différents contextes – dans ce qui pourrait ressembler à un cinéma itinérant transnational – l’archive provoque débats, récits et prémonitions. Des villages les plus isolés de Guinée-Bissau aux capitales européennes, ces archives silencieuses deviennent un lieu à partir duquel chercher un antidote à la crise mondiale.
Séance suivie d’une visio-conférence avec Zineb Sedira et Filipa César
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Mardi 24 janvier
Ciné-Géographies à 18h30
« Juste un mouvement » de Vincent Meessen (2021) – 108 minutes – Version française
Juste un mouvement (2021, 108 min) de Vincent Meessen. Au Sénégal, le nom d’Omar Blondin Diop est synonyme de crime d’État impuni. En France, il est surtout resté dans l’histoire comme un militant marxiste apparaissant dans La Chinoise, fiction d’anticipation politique de Jean-Louis Godard. Aujourd’hui à Dakar, ses frères et des proches se souviennent de lui tandis que la jeunesse locale joue son propre destin à l’imparfait du présent de la Chine-Afrique.
Séance présentée par Vincent Meessen
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Mercredi 25 janvier
Ciné-Mouvements à 18h30
« Mise en scène » de Zineb Sedira (2017) // 9 minutes – Sans parole
Mise en scène est un montage de séquences de films 35 et 16 mm, trouvés, numérisés et interprétés par l’artiste. Cette « mise en scène » est une sorte d’amorce au film Les Rêves n’ont pas de titre (2022) qui puise sa matière dans un corpus de coproductions et de réalisations cinématographiques, notamment à caractère militant, qui ont eu un impact sur les mouvements postcoloniaux.
« Ali au pays des merveilles » de Djoura Abouda et Alain Bonnamy (1976) // 60 minutes – Version française
Pour ce film expérimental, politique et radical sur la condition des travailleurs immigrés en France au milieu des années 1970 « toutes les images ont été filmées comme des coups de poing ». Ali au Pays des Merveilles est un cri contre l’exploitation et le racisme, qui pointe sans concessions le rôle de l’état français, des médias, du capitalisme et de la colonisation dans ce système de domination qui vient broyer ceux qui le subissent. Tourné en 16mm, le film allie une puissance formelle et esthétique inventive avec un propos militant et une parole directe donnée aux marginalisés de la société française.
« Rock Against Police » de Nabil Djedouani (2020) // 30 minutes – Version française
Rock Against Police de Nabil Djedouani est un film « conçu comme un collage » qui évoque le réseau « Rock Against Police » né dans les années 1980 en France face aux crimes racistes et aux abus de la répression policière. Le film, tout comme les concerts de cette mouvance, s’inscrit dans une démarche militante d’affirmation des libertés de mouvement, d’expression et de création. Pour cela, Nabil Djedouani recourt à l’enquête archivistique, à la performance et à l’utilisation d’archives rares de cette période qui fait tant écho à nos présents.
Séance suivie d’un débat avec Léa Morin, Nabil Djedouani et Zineb Sedira
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Un programme conçu par Talitha (www.talitha3.com) pour l’Institut Français, et l’Institut Français du Cambodge, en résonance au Pavillon Français de Zineb Sedira à la Biennale de Venise 2022 dont le commissariat était assuré par Yasmina Reggad, Sam Bardaouil et Till Fellrath.« Le Cinéma, une arme » emprunte son titre au programme de films et de rencontres organisé par la Cinémathèque Algérienne en parallèle de la 4ème Conférence des Pays Non-Alignés en septembre 1973 à Alger.
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︎︎ LIENS ︎︎
Institut Français du Cambodge
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