CAMÉRER. LE MOINDRE GESTE
Vendredi 10 décembre 2021 à 19h30
Les Ombres Électriques, 10 rue des Trente, 35 000 Rennes
︎Présentation du livre des écrits de Fernand Deligny sur le cinéma et l'image, Camérer. À propos d’images, 2021, éditions L’Arachnéen
+ projection rushes super 8mm
+ projection du film Le Moindre Geste de Jean-Pierre Daniel, Fernand Deligny et Josée Manenti (1971, 105 min)
︎ En présence de Sandra Alvarez de Toledo et Anaïs Masson, éditions L’Arachnéen.
︎︎ LE LIVRE ︎︎
Camérer. À propos d’images, 2021, éditions L’Arachnéen
Camérer. À propos d'images : dans « camérer » on entend caméra et donc cinéma et filmer, mais d'abord l'impérative nécessité d'étrangéiser les mots ou de se réapproprier leur signification en en passant par un autre réseau linguistique. « À propos d'images » indique le déplacement du sens de gravité de l'ouvrage : du cinéma - le mot et la pratique - soumis à la question, on s'achemine vers le vaste monde des images, « l'autre monde », « tout un monde », que Deligny investit avec l'intention d'en trouver le plus de sens possibles, avec et contre le langage. On aura compris que ce livre n'est pas un livre sur le cinéma, ni un essai de phénoménologie ou d'esthétique sur l'image, mais tout ceci à la fois, et autre chose encore, venant d'un écrivain en contact étroit avec le régime de perception d'enfants autistes.
L'intérêt de Deligny pour le cinématographe (plus pour le « graphe » que pour le « ciné », dit-il) n'est pas nouveau. Trois des films tournés dans les Cévennes - Le Moindre Geste, magnifique ovni collectif, joué par un « débile profond », Yves G., Ce gamin, là et À propos d'un film à faire réalisés par Renaud Victor - ont été édités en DVD, plusieurs textes ont paru dans ses oeuvres, et le cinéma constitue l'un des fils rouges, pour ne pas dire l'un des points de fixation de la Correspondance des Cévennes, 1968-1996. La re-découverte récente par Jacques Lin d'une série de films en super 8 et en vidéo tournés dans le réseau dans les années 1970 et 1980 témoignait de ce que du cinéma avait eu lieu sur un mode quasiment permanent dans les aires de séjour. Au même moment, Marlon Miguel et Marina Vidal-Naquet extrayaient de deux grandes malles de manuscrits en vrac un corpus de textes inédits sur l'image... dont nous avons tiré un livre, fait à quatre têtes et huit mains.
Edition établie par Sandra Alvarez de Toledo, Anaïs Masson, Marlon Miguel et Marina Vidal-Naquet
︎︎ LE FILM ︎︎
LE MOINDRE GESTE, 1971, 105 min
de Jean-Pierre Daniel, Fernand Deligny et Josée Manenti
Josée Manenti raconte : « C’était un objet commun pour une petite bande de gens, une manière de nous mobiliser et régler la vie quotidienne. Le film faisait loi.» Elle investit le peu d’argent qui lui restait dans l’achat d’une caméra et d’un magnétoscope. Deligny imagina un argument qui tenait en quatre phrases : Yves s’évade de l’asile en suivant un autre pensionnaire ; en jouant, celui-ci tombe dans un trou ; Yves cherche en vain à l’en sortir ; errant dans les collines autour d’une carrière, il rencontre une jeune femme qui, de scène en scène, le reconduit à l’asile. Josée Manenti repéra les lieux et engagea Richard Brougère – l’enfant qui s’évadait avec Yves – dans l’école d’un village voisin. Elle réalisa elle-même les prises de vue. Le tournage eut lieu dans les collines, sur les rives du Gardon, autour d’une carrière en activité, dans les fermes abandonnées aux alentours de Veyrac. La familiarité de Josée Manenti avec Yves facilitait les prises de vues : « Je connaissais tellement Yves que pour le filmer, il me suffisait de le regarder [...] Son corps avait quelque chose d’enfantin, plein de chair, une chair qui parlait par toutes ses mimiques, par tous ses gestes, par toutes ses gaucheries, par toutes ses avancées. » [...] La caméra (une Paillard 16mm) était muette ; le soir, après le tournage, Guy Aubert et Deligny enregistraient les monologues d’Yves à qui il suffisait d’une question des plus vagues (« Alors, ta journée ? ») pour qu’il se mette à parler indéfiniment. Le tournage dura huit ou neuf mois. Le montage fut réalisé par Jean-Pierre Daniel, qui découvrit les rushes sans avoir participé au tournage, et le mixage financé par Slon, la coopérative créée par Chris Marker à cet effet.
– Sandra Alvarez de Toledo
︎︎ INFOS PRATIQUES ︎︎
Les Ombres Electriques
10 rue des Trente, 35 000 Rennes
Ouverture du lieu à 18h30 (bar)
Adhésion 1euro obligatoire + prix libre
Prévoir des espèces.
︎︎ PLUS D’INFORMATIONS ︎︎
Une soirée proposée par 𝗧𝗮𝗹𝗶𝘁𝗵𝗮 www.talitha3.com en parallèle de la formation “Editer, un moindre geste?”.